Promenade risquée

Il faisait beau, tellement beau que Marc n'avait pu s'empêcher de sortir de son appartement. Faut dire que celui-ci n'avait jamais été très invitant et le jeune homme y passait très peu de temps. Il avait même déjà pensé à tout repeindre, avec des couleurs plus vives. Mais, étant un perfectionniste, Marc savait d'avance qu'il ne serait jamais satisfait du résultat. Il avait donc délaissé cette idée, en prenant plutôt l'habitude de sortir plus souvent de chez lui. En plus, ça avait beaucoup d'avantages... M'enfin, il y avait beaucoup d'avantages avant. Avant qu'une tornade ne vienne ravager tous les beaux paysages, déjà peu nombreux, de Dawson Hill.

En fait, Marc n'avait pas dessiné quoi que ce soit depuis deux mois. Mise à part les petits illustrations qu'il faisait pour le journal local, bien sur. Parce que tout ce qu'il voyait était triste. Infiniement triste. Il avait la drôle l'impression que jamais, cette ville ne redeviendrait comme elle l'était au départ. Mais pourtant, dessiner était sa passion... Et elle n'arrêtera pas de l'être comme ça, du jour au lendemain. Sauf que Marc n'aimait pas embellir ce qu'il voyait, par des coups de crayons plus fins. Depuis toujours, il n'avait dessiné que la réalité. En tout point identique à ce qu'il voyait. Mais ce qu'il voyait maintenant, ce trouvait à être beaucoup trop différent d'avant. Devait-il dessiner tout ça, aussi dramatiquement qu'il le voyait ? Toutes ces arbres tombés et cette noirceur inpénétrable. Ce paysage horrible, qui ne pouvait que lui inspirer des idées noires. Marc soupira et sortit quand même sa fameuse tablette à dessins, dont les pages avaient jaunis. Il s'accôta contre un arbre et regarda autour de lui. Il venait juste d'entrer dans la forêt, où personne n'avait mi les pieds depuis la tragédie. Et ainsi, Marc pourrait bien dessiner une vue d'ensemble de la ville, du moins peut-être en enlevant la partie est... Non, elle faisait parti du décor. La moitié du dessin sera donc sombre. Oui, il essayerait. Il essayerait de représenté ses ruines avec tellement de réalisme, que son dessin serait insupportable à regarder.

Il sortit un crayon d'une poche de son pantalon et se mit au travail, même si une mèche de ses cheveux ne cessait de bloquer son champs de vision. Avec un peu de chance, son dessin pourrait être publié dans le journal. Représentant ainsi, la ville tel qu'elle l'était vraiment.

Les temps étaient difficiles, pénibles, presque insuportables. Pour la plupart des gens habitant Dawson Hill, la tornade qui avait eut lieu était la cause de malheurs, celle-ci ayant amené, justement, son lot de problèmes. Néanmoins, ce n'était pas le cas de la jeune rouquine. Stacey aurait très bien pu reprendre sa vie, malgré la catastrophe qui s'était abbatue sur la ville. Certes, elle aurait sans doute été bien ennuyée de voir toutes ces ruines, toute cette désolation, mais... elle aurait continuer, parce que les objets, les endroits... ce n'était rien du tout pour elle, rien à côté des gens. Les gens, eux, représentaient réellement quelque chose. Selon Stacey, on ne pouvait trouver le bonheur, même étant au paradis, si on ne pouvait être avec ceux qu'on aimait. L'inverse était tout aussi vrai, peut être même plus.
Elle était très bien placée pour le savoir, depuis la mort de Luka...

Ainsi donc, c'était probablement pour cette raison, principalement, que Stacey avait eut la bizarre d'idée d'aller se promener dans la forêt à l'accès interdite. Juste à penser à la forêt Greepeace, Stacey se voyait envahie de souvenirs divers. Autant dans sa solitude, qu'en compagnie d'amis.. que Thomas... que.. Lu..Luka. La jeune rouquine soupira, quand elle apercut Marc. Enfin une tête connue, un petit rayon de soleil dans cette brume épaisse. Elle s'approcha et tassa d'un bref mouvement la mèche qui lui cachait les yeux.

- Salut...

Il levait les yeux de temps en temps, pour être certain qu'il dessinait exactement ce qui se touvait devant lui. Mais Marc avait observé ce paysage tellement de fois, qu'il semblait en savoir les moindres détails. Bien sur, il avait commencé par la partie encore vivante de la ville. Celle qui n'avait pas été durement touché, mais qui quand même n'était plus la même. Cette ville, c'était chez lui depuis longtemps. Assez longtemps pour qu'il ne pense même pas une seconde à partir d'ici. Non il n'aimait pas ce qu'il voyait, mais il croyait encore qu'il y avait une issue. Un moyen de surmonter tout ça et oublier un peu l'apparence de la ville. Parce qu'il y avait toujours des solutions à tout. Oui... À tout.

Le jeune homme rajoutait les couleurs de ses dessins, seulement plusieurs heures après les avoir faits. Une simple habitude. Mais alors, en ce moment, son dession était sombre... Horriblement sombre. Sans doute même plus que ce qu'il voyait réellement, puisqu'il n'y avait encore aucune couleur. Marc aurait peut-être dû amener quelques crayons de plus. Mais il était trop tard. Le jeune homme se mordit la lèvre. Ce dessin était aussi dure à regarder que la réalité. Il avait réussi. Mais, était-ce une bonne chose ?

D'un geste léger, une main tassa ses cheveux rebels qui l'échappait de bien voir devant lui. Il leva la tête et vit Stacey. Il ne l'avait même pas entendu arriver. Marc lui sourit, bien content de la voir. Ça fait un moment qu'il n'avait pas eu de ses nouvelles. Comme tout le monde, cette tornade était changé quelque chose dans sa vie. Mais, il ne savait pas encore quoi.

Bonjour Stacey.

La jeune rouquine fut heureuse de le voir sourire. Il y avait longuement, songea-t-elle, qu'elle n'avait pas vu quelqu'un, une personne qui lui était proche, sourire. Ça lui faisait un énorme bien, un bien qu'elle n'était pas capable d'exprimer en mot et que de toute façon, elle ne voulait pas exprimer. Depuis la mort de Luka -parce que oui, dorénavant, tout se repportait à ce seul et même évènement- elle avait cette impression que personne ne prenait le temps de lui sourire, à elle, personnellement. Marc, sans le savoir, venait de mettre un peu de soleil dans sa vie. Elle ne put donc faire autrement que lui rendre son sourire, même si c'était un peu faiblement.

- Comment est-ce que tu vas ?
Elle jeta un bref coup d'oeil à son dessin. Il était beau, beau comme toujours. Sombre, aussi, mais elle ne comprenait rien aussi bien que ce qui était sombre et triste, pour le moment. La jeune rouquine n'avait que voulu y jeter un rapide coup d'oeil, mais maintenant, son regard y était bien accroché...

- Wow.. C'est notre ville ça...
murmura-t-elle doucement, sur un ton un peu détaché, affaibli comme si c'était une pensée dites tout haut, mais oui, elle lui parlait bel et bien à lui.

Elle lui demanda comment il allait et bien sur, Marc n'était pas très surpri de cette question. Sauf que la réponse qu'il devrait lui donner, était dure à trouver. Certe, il avait beaucoup de choix... Voir trop. Mais surtout, il ne voudrait pas lui mentir. Faire semblant que tout allait parfaitement bien par exemple, puisque ce n'était pas le cas. Par contre, il ne saurait pas expliqué pourquoi cette réponse n'était pas la bonne. Et l'inverse ? Un mensonge aussi. Il haussa les épaules, continuant de la regarder. D'habitude, lorsqu'il parlait aux gens en dessinant, il rebaissait tout de suite les yeux sur son dessin dès que la conversation était entamé. Mais plus maintenant. Peut-être simplement qu'il était plus ''expérimenté'', ou juste qu'il ne voulait rien manquer des réactions qu'avaient les personnes avec qui il parlait. Peu importe, de toute façon Marc préférait le silence. Bien qu'il était loin d'être anti-social. Sauf que là, il devrait parler avant de passer pour un fou. Même s'il ne croyait pas que Stacey penserait ça de lui.

Bien, juste bien.

Il lui offrit un autre sourire, en se disant qu'ainsi il éviterait peut-être trop de questions. Non pas qu'il ne voulait pas les entendre. Mais seulement parce qu'il n'aurait aucun réponse à lui donner et alors, ça serait plutôt décevant pour elle... Et pour lui aussi ! Il remarqua que Stacey regardait son dessin, sans doute qu'elle le trouvait un peu bizarre. Car, c'était bien ce qui le définissait.

Euh... Oui, pour moi c'est notre ville.

Il allait bien, disait-il, mais sans trop exactement savoir pourquoi, Stacey ne pouvait pas le croire à cent pour cent. Mais d'un autre côté, à défaut de le croire, elle le comprenait. Si quelqu'un lui avait demandé, en ce moment, si elle allait bien, elle aurait probablement donner exactement la même réponse que Marc lui avait dite et pourtant, ça aurait été tout autant un mensonge. Elle lui fit un petit sourire. Elle aurait aimé lui signifier, de façon plus claire, qu'elle le comprenait sans doute mieux que quiconque en ce moment, mais elle ne voyait pas l'utilité à se tuer à touver les mots justes pour l'Exprimer. Elle continua de regarder l'horizon, jetant parfois quelques coups d'oeil à son dessin, comme pour faire la comparaison.

C'est triste..
dit-elle tout simplement après qu'il ait bel et bien confirmé qu'il s'agissait bien de leur ville -même si dans le fond, la rouquine n'avait jamais vraiment demandé une réponse, elle avait plus dit cela en tant qu'affirmation-. Elle rougit un peu, alors que Marc ne la regardait pas. Elle trouvait cette affirmation bidon. Elle ne savait pas pourquoi ellle avait dit ça ainsi, mis à part le fait que c'était une réalité. Elle espérait ne pas l'ennuyer, car elle, elle avait tellement, trop, besoin de compagnie.

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